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DE CONRART. [1652]

Marigny, qui, ayant été célèbre frondeur durant la guerre de Paris, avoit pris depuis le parti des princes lorsqu’ils se furent brouillés avec la cour, jugeant qu’il leur seroit un instrument fort propre pour clabauder dans la grand’salle du Palais, comme il avoit fait pendant le blocus de Paris et depuis, et pour échauffer les esprits des particuliers, qu’il alloit chercher artificieusement jusque dans leurs maisons, sous prétexte d’acheter quelques marchandises ; et prenant l’occasion sur la cherté de ce qu’on lui vouloit vendre, et sur les plaintes des marchands, de dire que les temps seroient toujours misérables tandis qu’on souffriroit que le Mazarin gouvernât ; qu’il falloit s’unir aux princes pour le chasser ; que c’en étoit l’unique moyen ; et que quand même il y auroit quelque chose à souffrir pour en venir là, il valoit bien mieux endurer un peu de peine quelque temps, pour être parfaitement heureux ensuite, que de languir toujours comme on faisoit depuis si long-temps.


Du 3 juillet 1652[1].

M. le prince ayant vu que M. de Turenne faisoit faire un pont de bateaux à Epinay, proche Saint-Denis, pour y passer la rivière, et n’ayant pu l’en empêcher, nonobstant les troupes qu’il envoya pour s’y opposer, il voulut faire filer son armée, qui étoit à Saint-Cloud, vers Charenton, pour se rendre maître du pont, et la poster entre les deux rivières, parce qu’elle étoit beaucoup plus foible que celle du Roi. M. de Turenne en ayant eu avis, les coupa

  1. Manuscrits de Conrart, tome 17, page 781.