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[1652] MÉMOIRES

Mais le duc de Beaufort s’étant opiniâtré plusieurs fois qu’il la falloit emporter, M. le prince et tous les braves qui le suivoient eurent une espèce de honte de lui résister tant de fois ; si bien qu’ils se laissèrent aller à ce qu’il voulut. M. le prince y reçut plusieurs coups dans sa cuirasse : et ce fut une espèce de miracle qu’il n’y demeurât pas comme tant d’autres, car ceux qui le virent combattre disent qu’il ne s’est jamais plus exposé en pas une occasion. On disoit même que Saint-Mesgrin, qui, outre qu’il étoit fort vaillant, avoit depuis long-temps une haine particulière contre M. le prince, à cause de la seconde fille du marquis Du Vigean, qui est maintenant carmélite, et dont Saint-Mesgrin étant fort amoureux et en termes de l’épouser, M. le prince en devint aussi amoureux, et l’obligea de quitter prise (ce qu’il n’avoit jamais pu oublier), avoit conspiré avec plusieurs autres de ses amis de ne s’arrêter qu’à la seule personne de M. le prince, parce que selon eux c’étoit le moyen de faire finir la guerre, et que cette opiniâtreté à le vouloir tuer fut cause qu’il fut tué lui-même. Il faisoit alors une chaleur insupportable ; et M. le prince, qui étoit armé et qui agissoit plus que tous les autres, étoit tellement fondu de sueur et étouffé dans ses armes, qu’il fut contraint de se faire désarmer et débotter, et de se jeter tout nu sur l’herbe d’un pré, où il se tourna et se vautra comme les chevaux qui se veulent délasser ; puis il se fit rhabiller et armer, et il retourna au combat pour l’achever.

M. de Nemours fut blessé légèrement à la main ; M. de La Rochefoucauld eut les deux joues percées, mais le plus favorablement du monde. Clinchant fut