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DE CONRART. [1652]

ordre de différer la résolution de l’assemblée de huit jours. La plupart s’écrièrent là-dessus que c’étoit encore une mazarinade (et à chaque période de la lettre ils faisoient des huées comme l’on eût fait dans les halles) ; que l’on n’avoit pour but que de les tenir au filet, et qu’il falloit absolument sortir d’affaire. De sorte que cela ne fit qu’affermir la résolution en laquelle ils étoient déjà de faire la déclaration en faveur des princes, lesquels ayant parlé dans les termes que j’ai rapportés, le procureur du Roi de la ville[1] fit un grand discours, tendant à supplier le Roi de revenir en sa bonne ville de Paris ; et marqua en termes métaphoriques qu’il falloit souhaiter que le vaisseau fût conduit par un meilleur pilote, afin de surgir heureusement au port de la paix, qui étoit le but de tous les bons Français. Plusieurs s’écrièrent qu’il ne falloit point de Mazarin ; et comme ils répétoient cela diverses fois, il leur dit que tout son discours ne tendoit qu’à cela, et qu’il pensoit avoir assez fait entendre que c’étoit son intention ; mais que, pour ne laisser à personne aucun sujet d’en douter, il concluoit que le Roi fût supplié de revenir à Paris sans le cardinal Mazarin, et de donner la paix à ses peuples. Sur cela les princes se levèrent, paroissant assez mal satisfaits de ce qu’ils voyoient bien qu’on prenoit le train de suivre les conclusions du procureur du Roi, ou qu’au moins on ne pourroit résoudre l’union avec eux, parce qu’il ne restoit pas assez de temps pour opiner : et s’il est vrai que ce qui se fit ensuite fut de leur consentement, comme la plupart l’ont cru, ou même par leur ordre, comme quelques uns l’assurent, il y a apparence

  1. Le procureur du Roi de la ville : Simon Pierre.