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[1652] MÉMOIRES

qu’avant de venir à l’assemblée ils avoient jugé qu’ils ne pourroient pas obtenir cette union ; et que pour faire en sorte qu’on n’eût pas le temps d’opiner, ils y furent fort tard, et que par ce qui se fit ils voulurent intimider de telle sorte toute la bourgeoisie, que non seulement l’union se fît pleinement, mais que, par la terreur qu’ils donneroient d’eux à tout le monde, ils demeurassent maîtres absolus de la ville, du parlement et de toutes choses. Étant donc descendus, dès qu’ils parurent sur le perron qui est dans la Grève[1], ils dirent à la populace : « Ces gens-là ne veulent rien faire pour nous ; ils ont même dessein de tirer les choses en longueur, et de tarder huit jours à se résoudre : ce sont des mazarins, faites-en ce que vous voudrez. » À peine ces paroles furent-elles prononcées, que plusieurs coups de mousquet furent tirés dans les fenêtres de l’hôtel-de-ville : ce qui étonna tous les députés. On disoit que cette décharge avoit été faite par les séditieux du peuple, et par les soldats même des compagnies qui gardoient l’hôtel-de-ville, quoique ceux qui sont persuadés que cette action avoit été concertée tiennent que les soldats avoient eu ordre de commencer. Mais comme il y avoit très-long-temps qu’ils attendoient dans la Grève, y étant entrés dès une heure après-midi, et il en étoit plus de six quand les princes sortirent ; qu’il faisoit une chaleur horrible, et que pour se désaltérer et se désennuyer ils avoient défoncé plus de cinquante

  1. Le perron qui est dans la Grève : Le perron de l’hôtel-de-ville étoit alors absolument tel qu’il est aujourd’hui. (Voy. la perspective de l’hôtel-de-ville, gravée par Jean Marot, dans l’ouvrage intitulé l’Entrée triomphante de Leurs Majestés, etc. Paris, 1662, in-fol., page 30.)