Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
DE CONRART. [1652]

ton n’eut que quatre voix de moins que lui ; et tant par le dépit de n’avoir pas eu cette charge, que par le hasard qu’il avoit couru le jeudi, il parut depuis fort irrité contre les princes, et il parla hautement, le samedi 13, en l’assemblée du parlement où il se trouva, du tumulte du jeudi, non plus comme frondeur ni partisan des princes, mais comme irrité contre eux au dernier point. On remarqua cependant qu’en arrivant au Palais il étoit en manteau court, et qu’il ne prit sa sotane et sa robe qu’avec son bonnet en entrant dans sa chambre, qui est la première des requêtes ; et qu’au sortir il les laissa au même lieu, et s’en retourna chez lui en habit court, comme il étoit venu.

Miron, maître des comptes, colonel de son quartier, et des plus ardens frondeurs contre la cour[1], croyant aussi par sa présence calmer cette émotion,

  1. Dès le temps du cardinal de Richelieu, il avoit été fort ennemi de son ministère ; et ce fut lui qui fit à sa mort ce rondeau si célèbre qui commence : « Il est passé, il a plié bagage. » (Note de Conrart.)
    Voici ce rondeau, qui est imprimé dans le Tableau du gouvernement des cardinaux Richelieu et Mazarin, etc. ; Cologne, Pierre Marteau, 1694) in-12, page 105.

    Il est passé, il a plié bagage
    Le cardinal, dont c’est moult grand dommage
    Pour sa maison ; c’est comme je l’entends :
    Car pour autrui, maints hommes sont contens,
    En bonne foi, de n’en voir que l’image.
    Il fut soigneux d’enrichir son lignage
    Par dons, par vols, par fraude et mariage ;
    Mais aujourd’hui ce n’en est plus le temps,
    Il est passé.

    Or parlerons sans crainte d’être en cage :
    Il est en plomb l’éminent personnage