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[1652] MÉMOIRES

tendre les témoins. Un matin, en sortant de son logis pour aller au Palais, il trouva écrit sur sa porte en grosses lettres : Si vous faites mourir les deux prisonniers, vous ne vivrez pas six heures après. Quand on disoit à M. le prince qu’il s’étoit trouvé un officier de sa cuisine tuant un des principaux députés, il disoit que c’étoit un coquin qui avoit été là par curiosité, ou par envie de voler ; et qu’il vouloit que l’on en fît justice. Leboult, conseiller aux enquêtes, fort affectionné aux intérêts des princes, étant allé au palais d’Orléans pour leur demander justice avec plusieurs bourgeois qui avoient été députés, ou qui s’intéressoient pour d’autres qui l’avoient été, reçut si peu de satisfaction de M. d’Orléans, et particulièrement de M. le prince, qu’il se trouva obligé de leur parler avec une grande liberté et une grande fermeté, jusqu’à leur dire que tout le monde croyoit que les princes avoient fait faire ce massacre ; et M. le prince lui ayant dit que personne ne parleroit de cela qu’il ne le fît périr, Leboult répliqua qu’il ne disoit pas qu’il le crût, mais que c’étoit l’opinion de tout le monde : ce qu’il lui répéta plusieurs fois ; et voyant qu’on ne leur vouloit faire aucune raison, il dit à ceux qui l’accompagnoient : « Allons-nous-en ; car si nous avons quelque justice à espérer, ce n’est pas ici. » Dans ce même temps, une dame de fort grande qualité, dont on n’a pas voulu dire le nom, dit à M. le prince : « Monsieur, que pensez-vous avoir fait en ce qui s’est passé à l’hôtel-de-ville ? vous vous êtes fait un extrême tort. » M. le prince lui dit : « Moi, madame ! je n’ai aucune part à cela. — Oh ! monsieur, reprit la dame, il n’y a personne qui n’en soit