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l’ont été, et à qui j’ai donné cent écus. » Il lui dit encore d’autres choses fort hardies ; à quoi M. d’Orléans n’eut rien à répondre. Et quoiqu’il fût grand frondeur auparavant, depuis cela il témoignoit hautement partout qu’il étoit très-mal satisfait des princes.

Fournier, président de l’élection de Paris, et qui a été échevin, voulut demeurer plus constant ou plus opiniâtre dans la passion qu’il avoit toujours pour la Fronde et pour les princes, et il la préféra à sa propre conservation ; car étant du nombre des députés, et fort connu dans l’hôtel-de-ville et dans la Grève à cause de l’échevinage, il s’imaginoit qu’à sa parole et aux choses qu’il diroit, personne n’auroit l’assurance de lui toucher. Néanmoins il fut moins épargné que beaucoup d’autres ; et on lui donna tant de coups de crosse de mousquet sur la tête et par tout le corps, qu’il en demeura long-temps au lit sans se pouvoir remuer. Et comme on lui représentoit le tort qu’avoient les princes d’avoir fait faire ou du moins d’avoir permis ce carnage où tout Paris étoit engagé, et où il y avoit beaucoup plus de personnes attachées à eux qu’à la cour, il répondoit que nonobstant le danger qu’il avoit couru et le mal qu’il enduroit, il trouvoit que messieurs les princes ne pouvoient faire autre chose que ce qu’ils avoient fait, pour faire cesser les longueurs du parlement et des bourgeois à se déclarer pour eux, afin de chasser le Mazarin, qui étoit un mal plus grand que tous les autres qu’on pouvoit souffrir. Beaucoup d’autres gens tenoient aussi le même langage, et excusoient une action qui faisoit horreur à tout le monde et à eux-mêmes, quand ils considéroient qu’elle étoit contre la cour, pour qui ils avoient une haine irrécon-