Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
[1652] MÉMOIRES

seroit faite pendant que le cardinal Mazarin demeureroit en France. On s’étonna de ce que la cause qui avoit fait donner cet arrêt n’étant point cessée, et au contraire les princes et le parlement se déclarant de plus en plus pour l’éloignement du cardinal, on passa néanmoins par dessus un arrêt qui avoit lieu pour tant d’autres personnes. Mais Rohan et ses amis jugeant la conjoncture favorable par l’absence de tous les présidens au mortier, et par rabattement du parlement, qui n’osoit plus faire de résistance aux volontés des princes et du peuple, depuis ce qui leur étoit arrivé le 25 juin et ce qui s’étoit passé à l’hôtel-de-ville le 4 juillet, ils prirent le temps de faire passer son affaire, en laquelle le duc d’Orléans et M. le prince le protégèrent puissamment, et particulièrement le dernier. Il s’en étoit parlé déjà deux fois ; mais elle n’avoit pu être conclue jusqu’à ce jour-là 15 juillet. Croissy[1], conseiller, qui a toujours été frondeur outré et dans les intérêts de M. le prince, ayant été fort désabusé depuis le 25 juin et le 4 juillet, opina fortement pour empêcher la vérification des lettres de Rohan, non pas quant à la condition ni à la personne, qu’il reconnut très-digne de cet honneur et de plus grands, mais à cause de l’arrêt, qui seroit enfreint par ce moyen, au préjudice de tant d’autres personnes de qualité, à l’égard desquelles il avoit été observé. Il dit même que cela étoit étrange que les suffrages ne pussent être libres, et que l’on n’osât plus dire ses sentimens dans la compagnie. D’autres suivirent aussi son avis pour l’autorité de l’arrêt ; mais

  1. Croissy : Fouquet de Croissy, conseiller au parlement ; on lui attribue l’écrit intitulé le Courrier du temps (1649).