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DE CONRART. [1652]

de l’hôtel-de-ville, et le président Dorieu, qui étoit le second, ayant dit qu’il étoit obligé de tenir la place du premier président, et qu’ainsi il ne pouvoit désemparer de la compagnie, les présidens Dorieu[1] et Le Noir furent conviés, et acceptèrent d’y assister.

L’après-dînée du même jour, il se fit une assemblée de notables bourgeois en l’hôtel-de-ville, pour aviser aux moyens de trouver un fonds pour faire des levées de soldats, et pour rendre les passages des vivres libres. Il fut résolu de lever huit cent mille livres ; et après plusieurs contestations sur les divers moyens que l’on proposa, on résolut enfin que chaque maison à porte cochère paieroit soixante-quinze livres, chaque porte carrée et grande boutique trente livres, et chaque petite porte quinze livres.

Le même jour, l’armée des princes, qui avoit toujours été campée entre les faubourgs Saint-Marceau et Saint-Victor, alla camper proche de Juvisy, sur les plaintes continuelles que les bourgeois faisoient à M. le prince des horribles désordres que ses soldats faisoient à leurs maisons et à leurs moissons : ce qui l’avoit obligé, le vendredi 26, d’assembler tous ses chefs et de leur faire des reproches terribles, accompagnés de juremens et d’actions violentes, disant qu’il vouloit que le maréchal de camp de jour couchât toujours dans le camp ; qu’on envoyât divers partis battre la campagne pour découvrir si les soldats s’écartoient pour piller ; que de ceux qui y seroient surpris, s’ils étoient quatre, on en tuât trois ; qu’on ramenât l’autre au camp pour y être pendu, afin de servir d’exemple.

  1. Dorieu : On lit ainsi au manuscrit ; mais il doit y avoir erreur. Le président Dorieu venoit de s’excuser.