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[1652] MÉMOIRES

Et sur ce que le comte de Tavannes lui représenta qu’il étoit impossible que la cavalerie subsistât sans fourrages, et que pour avoir du fourrage il falloit couper des blés, il répondit avec mille imprécations qu’ils en cherchassent ; qu’ils fissent manger de la terre à leurs chevaux, qu’ils fissent le diable ; mais qu’enfin il ne vouloit pas qu’ils arrachassent un épi de blé. Ensuite il fut parlé des recrues qu’il falloit faire, et en se séparant il recommanda encore aux chefs de faire cesser les désordres des soldats, afin qu’il n’en eût plus de plaintes : ce qui fut cause que l’on publia une défense fort rigoureuse dès le lendemain à tous les soldats de s’écarter du camp ou de passer la rivière, et à tous bateliers d’en passer un seul dans leurs bateaux.

Le duc de Nemours, depuis le différend qu’il avoit eu avec le duc de Beaufort son beau-frère, lorsqu’ils avoient tous deux le commandement, l’un des troupes qu’il avoit amenées de Flandre, et l’autre de celles qui étoient au duc d’Orléans, avoit toujours conservé une haine et un mépris étrange pour lui, et l’avoit attaqué plusieurs fois de paroles, pour l’obliger à se battre ; de quoi le duc de Beaufort s’éloignoit toujours, tant parce qu’il aimoit beaucoup la duchesse de Nemours sa sœur, dont il étoit aussi fort aimé, et ainsi il ne vouloit pas lui donner ce déplaisir (car, bien que son mari ne vécût pas fort bien avec elle, et que ses galanteries avec la duchesse de Châtillon l’empêchassent de lui témoigner une ardente passion, elle ne laissoit pas d’en avoir une extraordinaire pour lui), que parce qu’il n’étoit pas en réputation d’aimer trop à se porter sur le pré. On a cru même qu’il ne s’y se-