Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
NOTICE

Godeau à Chapelain, qui s’empressa de lui ouvrir les portes de l’hôtel de Rambouillet, dont la société décidoit en souveraine sur tous les ouvrages de l’esprit[1]. Il fit connoître Pellisson, l’historien de l’Académie, l’ami et le défenseur de Fouquet. Fléchier, accueilli par le duc de Montausier à la recommandation de Conrart, trouva ainsi l’occasion de développer cet admirable talent qui devoit lui assurer une place si élevée parmi nos orateurs sacrés[2].

Les travaux habituels de Conrart ne l’empêchoient pas de cultiver l’amitié, et de se livrer même aux frivolités de la société. Balzac, qui tenoit le premier rang parmi ses amis, exprime dans une multitude de lettres, et sous des formes ingénieusement variées, le profond sentiment qu’il avoit voué à Conrart. « Je le dis affirmativement, lui écrit-il, et si vous le voulez, je vous le jure sur les autels : je ne changerois pas cette amitié pour la faveur du plus grand prince du monde, pour le népotisme du cardinal Pamphilio[3], pour le ministère de don Louis de Haro[4]. » « Pourquoi, dit-il ailleurs, ne vous ai-je pas connu dès les premières années de ma vie ? Elle auroit été plus douce et plus réglée qu’elle n’a été ; j’aurois eu plus de contentement, et j’aurois fait moins de fautes. Mais il est impossible de vivre deux fois ; et ce qui est perdu ne se pouvant recouvrer, ménageons bien pour le moins ce qui

  1. Mélanges de Vigneul de Marville, tome 2, page 328, édition de 1713. —
  2. Ménagiana, tome 2, page 331, édition de 1715, —
  3. Il étoit neveu d’Innocent x. En 1647, quitta la pourpre, et épousa la signora Olimpia. Il n’en continua pas moins à jouir de toute l’influence que les cardinaux neveux n’obtiennent que trop souvent à la cour de Rome. —
  4. Lettres de Balzac à Conrart ; Elzévir, page 273.