Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 48.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
[1652] MÉMOIRES

rendre une autre[1], qui portoit que la première n’avoit été donnée que pour permettre l’inhumation du corps, mais non pas pour faire des funérailles avec apparat, lesquelles il défendit de faire par cette seconde sentence. Cela fâcha M. le prince, qui prenoit au point d’honneur que l’on ne voulût pas qu’une chose qu’il désiroit et qu’il avoit entreprise se fît. Il alla lui-même chez l’archevêque ; il y fit aller tous ses amis, entre autres Chavigny, qui, ayant été des premiers (car il se piquoit de grande dévotion et de jansénisme) à trouver étrange que l’archevêque eût permis la sépulture, ne laissa pas de solliciter après, pour plaire à M. le prince, qu’elle se fît avec pompe[2]. La duchesse de Châtillon même fut voir l’archevêque pour le disposer à souffrir qu’elle se fît ainsi : car comme le bonhomme a toujours aimé beaucoup le sexe, on crut que cette vue le persuaderoit plutôt que tous les discours des autres. Pour achever de l’abattre, on lui faisoit peur de la colère de M. le prince, qui feroit ruiner ses maisons par ses troupes s’il lui résistoit opiniâtrement, comme il témoignoit de le vouloir faire.

Le duc de Beaufort fut quelque temps sans se laisser voir ; on disoit qu’il s’étoit retiré dans les Chartreux, et même le bruit couroit parmi le peuple qu’il vouloit en prendre l’habit, et quitter le monde ; et par les

  1. Une autre : Cette seconde sentence est du 14 août 1652 ; elle a été insérée dans le recueil intitulé Curiosités historiques ; Amsterdam, 1759, tome i, page 116. Elle s’y trouve à la suite d’une relation du duel du duc de Beaufort et du duc de Nemours, qui fait connoître beaucoup moins de particularités que celle de Conrart.
  2. Voyez dans le recueil ci-dessus indique, page 115 du tome i, une lettre écrite à ce sujet par M. de Gondi, archevêque de Paris, à M. de Chavigny.