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MÉMOIRES

ment étoit, à Pontoise[1] ; et comme le président Le Coigneux fut un de ceux qui s’y rendirent durant son absence, le frère et la sœur de la présidente étoient sans cesse auprès d’elle à l’animer contre son mari.

Il arriva un jour par rencontre qu’ayant reçu de ses lettres (car ils s’écrivirent plusieurs fois durant cette absence, même avec beaucoup de civilité), comme son frère sortoit de chez elle, il trouva un petit laquais qui apportoit un paquet du président à un de ses secrétaires qu’il avoit laissé à Paris pour faire ses affaires, et auquel il s’adressoit. Le Camus ayant reconnu l’écriture, prit le paquet, disant qu’il le donneroit au secrétaire ; le petit laquais insiste, et dit qu’il avoit ordre de ne le délivrer qu’à lui-même ; mais l’autre l’ayant renvoyé, porta le paquet à la présidente, qui eut la curiosité de l’ouvrir, et y trouva une lettre d’amour que son mari envoyoit au secrétaire pour la rendre à la personne qu’il connoissoit, et qui n’y étoit pas nommée. Cela l’outra au dernier point ; et depuis elle jeta dans le feu, toutes cachetées, toutes les lettres qui lui furent écrites par son mari, lequel ayant appris ce procédé, pria Bachaumont[2] son frère, conseiller au parlement, qui étoit demeuré à Paris, d’aller voir sa belle-sœur, de savoir d’elle le sujet de son mécontentement, et de lui offrir de sa part toute sorte de satisfaction si elle avoit quelque sujet de plainte. Elle ne le voulut point entendre, et sa colère l’irritoit de jour en jour. Enfin,

  1. À Pontoise : En 1652.
  2. Bachaumont : L’ami de Chapelle. Il s’appeloit François Le Coigneux de Bachaumont, et il étoit conseiller clerc au parlement de Paris.