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MÉMOIRES

l’instant même le faire sortir, et payer les vingt-deux mille livres, s’il ne le pouvoit autrement. Galland, qui est soumis à sa femme en toutes choses, va au fort l’Évêque, s’oblige pour les vingt-deux mille livres, et délivre Le Camus. L’archer tenoit sa dette si mauvaise, qu’il l’avoit offerte plusieurs fois pour dix mille livres, et il l’eût sans doute abandonnée encore à moins. Au retour de la prison, il revint tout courant trouver sa femme et sa belle-sœur, dont il croyoit recevoir mille remercîmens et mille louanges ; mais il fut bien étonné quand il s’entendit appeler par elles lâche, sans courage, sans vigueur, etc., sur ce qu’elles s’étoient imaginé que l’ayant fait élargir si promptement, c’avoit été par le crédit du président Le Coigneux ; et qu’elles ne vouloient point qu’il s’en mêlât. Après qu’elles eurent bien crié et bien tempêté, enfin il obtint qu’elles lussent le papier qu’il tenoit à la main, qui étoit la quittance par laquelle il paroissoit qu’il avoit payé actuellement cette somme de vingt-deux mille livres : de sorte qu’elles s’apaisèrent un peu contre lui ; mais elles se remirent à pester contre le président, et à tel point qu’enfin il fut conclu que sa femme le quitteroit, et se retireroit dans un couvent.

Le dimanche 10 novembre 1652, veille de saint Martin, cette résolution fut exécutée ; et elle s’en alla au monastère des Filles Saint-Thomas, proche la porte de Richelieu. Le mari étant dans son appartement, qui est en bas au-dessous de celui de sa femme, et n’entendant plus marcher comme de coutume, en demanda la raison ; et comme pas un des gens ne savoit la retraite de la présidente, ou ne la