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DE CONRART.

mery, et de lui faire croire qu’elle lui faisoit une fort grande confidence. Cela fut exécuté selon son intention par la marquise, à laquelle il demanda cette lettre, sous de grandes promesses de la lui rendre, et de la tenir fort secrète. Il ne l’eut pas plus tôt, qu’il la porta à madame de La Bazinière, et lui fit passer cette prétendue confidence pour une trahison que la marquise avoit faite à son amie. Madame de La Bazinière le conta ainsi à tout le monde ; et cela fit un étrange vacarme dans Paris. La marquise écrivit au commandeur de Jars que comme il avoit été l’entremetteur de sa connoissance avec M. d’Emery, elle vouloit aussi qu’il fût témoin du sujet qu’elle avoit de se plaindre de lui et de ne le plus voir ; et qu’elle le prioit de lui dire qu’il ne se donnât plus la peine de venir chez elle. Depuis cela l’ayant rencontré chez M. le chancelier[1], il voulut s’approcher d’elle pour lui parler : mais elle, avec une mine fort froide, lui fit une petite révérence, et passa outre sans s’arrêter ; si bien qu’ils ne se virent plus.

Quelque temps après M. d’Emery fut renvoyé chez lui ; les brouilleries du parlement s’échauffèrent ; le Roi sortit de Paris, et après quatre ou cinq mois d’absence y revint. Le maréchal de La Meilleraye avoit été fait surintendant des finances en la place de M. d’Emery ; mais tant par son humeur violente que par les difficultés de trouver de l’argent, il quitta cette charge, après avoir fait ses conditions avec la cour ; et au lieu de surintendant, on fit deux directeurs des finances, qui furent messieurs Haligre et

  1. La marquise de Sablé étoit alliée du chancelier Seguier ; son fils, que l’on appeloit Laval, avoit épousé la fille du chancelier.