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DE CONRART.

la hardiesse pour beaucoup entreprendre, il pourroit peut-être prendre la place du cardinal, à quoi il trouveroit sans doute grande protection de la part des princes. Néanmoins M. le prince, avant que de donner sa parole, demanda au président de Maisons s’il vouloit penser à cette charge, et qu’il s’emploieroit pour la lui faire avoir. Il lui répondit sur l’heure qu’il lui étoit trop obligé d’avoir eu cette pensée pour lui ; mais qu’il aimoit son repos, et sa charge qui l’occupoit déjà beaucoup avec ses autres affaires ; et qu’ainsi il lui rendoit grâces de l’honneur qu’il lui faisoit. Son fils et ses amis ayant su cela, le blâmèrent extrêmement d’avoir fait cette réponse si brusquement, et résolurent de faire tous leurs efforts pour remettre l’affaire en négociation ; ils y employèrent tout leur crédit et toute leur faveur. La marquise de Sablé, de qui le président de Maisons conduit toutes les affaires comme les siennes propres, fit agir tous ses amis, qui sont en grand nombre et des plus puissans, et particulièrement madame de Longueville et le prince de Conti, qui firent tout ce qu’ils purent pour faire le président de Maisons surintendant.

Pour M. le prince, après le refus du président de Maisons, il avoit eu quelque inclination à favoriser les violentes poursuites du marquis de La Vieuville, qui avoit eu cette charge du temps du connétable de Luynes, et qui mouroit d’envie d’y rentrer. En effet, il en étoit assez capable par sa sorte d’esprit, tout porté au calcul, à l’économie et au bon ordre ; mais d’ailleurs son humeur est si extravagante, et ses saillies si ridicules, que tout le monde jugeoit qu’il y réussiroit encore moins la seconde fois que la pre-