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MÉMOIRES

fût, lui dit qu’elle ne se fâcheroit de rien qu’il lui pût dire, quoiqu’elle appréhendât fort qu’il ne lui parlât de certaines choses qu’il eût pu lui dire. Alors il lui dit : « Madame, je ne m’étonne pas si vos enfans font de telles choses ; car vous êtes la plus mauvaise mère du monde. » Cela la surprit extrêmement, vu qu’il n’y a guère de mère qui voulût faire pour avancer ses enfans ce que celle-là avoit fait. Et après lui avoir répété qu’elle n’avoit rien épargné pour les faire instruire, et pour les rendre honnêtes gens ; qu’après elle les avoit mis dans le monde, et avoit fait pour leur fortune tout ce qui lui avoit été possible, elle le supplia de lui dire donc en quoi il la trouvoit mauvaise mère. À quoi il répondit : « Madame, n’est-ce pas être fort mauvaise mère que d’avoir gardé toute la sagesse pour vous, et n’en avoir rien laissé à vos enfans ? » Ce qui se trouva être une galanterie obligeante, au lieu d’une plainte qu’il sembloit qu’il voulût faire d’elle.

SUR HENRI IIe DU NOM, PRINCE DE CONDÉ[1].


Lorsque feu M. le prince se fut retiré malcontent de la cour en 1614, il écrivit trois lettres, au Roi, à la Reine et au parlement, qu’il fit imprimer et courir partout[2]. Le prince de Conti son oncle, qui étoit fort simple, et tellement bègue qu’il étoit presque muet,

  1. Manuscrits de Conrart, tome 10, page 134.
  2. Courir partout : Ces lettres ont été insérées dans le Mercure François, tome 3, page 224 et suivantes.