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MÉMOIRES

montre ce portrait à M. de Lyonne ; je sais cela de bonne part. Je ne vous dis rien d’une lettre écrite à M. le surintendant par une dame, à ce qu’on dit ; vous en aurez assez ouï parler à Paris. On la débite ici en ces termes : « Je ne vous aime point ; je hais le péché ; mais je crains encore plus la nécessité : c’est pourquoi venez tantôt me voir. » Je vous défie, vous qui êtes en réputation d’écrire les plus belles lettres du monde, d’en faire d’aussi essentielles et d’aussi significatives que celles-là. On l’attribue à madame Beaufremont, en un temps où elle avoit besoin de dix mille écus ; mais je ne le crois pas[1]. Je vous avoue même que c’est à celle-là que l’on attribue des intrigues encore plus importantes, comme d’avoir voulu gagner l’esprit du Roi par des artifices au préjudice de la Reine mère.

On tint hier conseil chez M. le chancelier, où étoient des conseillers d’État et messieurs du conseil de conscience, pour aviser à ce qu’on auroit à faire pour les jansénistes, et pour la demande de l’ordre de Malte contre la Hollande, touchant la restitution des commanderies qui étoient dans les Provinces-Unies, ou l’évaluation en argent. Le Roi a pris cette affaire fort à cœur, à la sollicitation de messieurs de Malte, jusque là que cela a déjà suspendu pour quelque temps l’alliance entre nous et la Hollande, dont le traité étoit prêt à conclure : je ne sais encore ce qui a été conclu là-dessus. Mais pour le jansénisme, je m’assure que l’on poussera terriblement les choses. Le Pape a cassé le mandement des grands vicaires, et

  1. On croit pour certain qu’elle est de la marquise de La Baume, (Note de la main de Conrart.)