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MÉMOIRES

autres affaires importantes, entre autres de l’accommodement de Mézières, qu’on vouloit tirer des mains de la veuve de Bussy-Lameth, qui en avoit été le dernier gouverneur, et qui, pour être parent et ami particulier du cardinal de Retz, étoit suspect à la cour. Mais de cette affaire, comme de toute sa conduite, il parut que, pourvu qu’il parvînt à ses fins, il ne se soucioit pas autrement de tenir sa parole ni de blesser son honneur : car ayant traité de la réduction de cette place avec le duc de Noirmoutier et le marquis de Fabert, le dernier voyant qu’il tâchoit de les surprendre, et qu’il ne vouloit pas exécuter ce qu’il avoit promis, lui fit des reproches piquans, et qu’un autre eût eu peine à souffrir ; et l’autre, quoique son ami, ne put s’empêcher de le blâmer des mêmes choses dont le marquis de Fabert faisoit de si grandes plaintes.

Comme il est très-audacieux et très-libre de paroles, il n’épargne personne, et drape indifféremment sur amis et ennemis : ce qui fait qu’il se brouille souvent avec ceux mêmes qui lui peuvent être le plus utiles, ou à qui il a le plus d’obligations. Il se raccommode aussi bientôt avec ceux qui ont plus de soin de leur fortune que de leur honneur, et qui croient que par l’accès qu’il a auprès des puissances il leur pourra nuire, ou qu’il les pourra servir. Entre les autres railleries qu’il fait sans cesse de toutes sortes de personnes, la princesse palatine, sœur de la reine de Pologne, est de celles qu’il a traitées le plus cruellement, s’étant vanté d’avoir eu avec elle des familiarités : de quoi elle ne se soucia point, aimant mieux souffrir cette médisance que de s’exposer à recevoir de mauvais offices de lui.