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NOTICE

mais l’Ormée rendit à son tour une décision monstrueuse, qualifiée d’ordonnance ou de plébiscite, que l’on a cru devoir insérer ici à cause de sa singularité démagogique.

« Sur l’advis receu par la compagnie de l’Ormée d’un certain arrest du parlement en ceste ville, injurieux et desraisonnable, afin d’empescher et destruire les bons desseins de ladite assemblée, nous disons que si ledit arrest est publié par la ville, qu’il sera couru sur les autheurs, adhérans et complices d’iceluy ; faisant défenses audit parlement, sur peine de la vie, d’user à l’advenir de semblables procédures, pour auxquelles s’opposer ladite assemblée prendra les armes ; enjoignant aux bourgeois de la ville d’y tenir la main, à peine d’estre déclarés traistres à leur patrie, et comme tels bannis à perpétuité de ladite ville, et leurs biens confisqués. Signé l’Ormée, avec plusieurs signatures. »

En effet, le parlement ayant fait publier son arrêt le 13 avril, les huissiers furent repoussés, et l’arrêt déchiré. L’Ormée, enhardie de plus en plus, organisa un gouvernement démocratique ; elle chargea plusieurs de ses membres de veiller au bien public ; elle nomma des généraux et des officiers de tout grade, ainsi que des juges qui devoient terminer tous les procès dans les vingt-quatre heures, sans intervention de procureurs ni d’avocats, « ayant considéré que tout homme qui a procès déduit aussi bien les raisons de sa cause que le meilleur avocat ou procureur de la cour »[1].

  1. Le Manifeste des Bourdelois, t. 75 des Mazarinades de la bibliothèque de l’Arsenal, pièce 42.