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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

ner des passe-ports pour sortir de Paris, puisque le Roi avoit eu la bonté de leur en envoyer pour aller à la cour rendre à Sa Majesté les assurances de leur fidélité et de leur obéissance à son service. Ils représentèrent à M. d’Orléans que la ruine de Paris approchoit, et que sa destruction étoit évidente si le Roi n’y revenoit bientôt, parce que sa seule présence étoit capable d’y faire rétablir le commerce et remettre les peuples dans leur devoir. À cela Son Altesse Royale leur répondit qu’il falloit qu’ils eussent patience jusques au samedi suivant, afin qu’il allât en communiquer au parlement, et de là à l’hôtel-de-ville, pour leur dire leur résolution. Avec cette douce réponse M. d’Orléans les renvoya ; mais M. de Beaufort les malmena beaucoup : il les traita de factieux, et d’auteurs de sédition ; et il les menaça que s’ils ne se joignoient au parlement, au corps de ville et à M. Broussel, qu’il feroit arborer sur les murailles de Paris des étendards qui auroient pour devise : ville perdue. Ces députés des six corps lui répondirent vertement qu’ils n’étoient point détachés du parlement, parce qu’ils n’avoient jamais été unis avec lui ; et pour l’hôtel-de-ville ils ne se détacheroient jamais des anciens échevins ; mais que M. Broussel et les échevins nouvellement élus n’auroient jamais rien à démêler avec eux.

M. d’Orléans, au lieu d’aller au Palais le lendemain, qui étoit le 20, comme il l’avoit promis aux bourgeois, fut avec M. le prince, le duc de Lorraine et le comte de Fiesque dîner chez M. de Chavigny, où le président de Maisons les alla trouver sur les trois heures, et tinrent conseil dans le jardin, où il fut résolu de