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[1652] MÉMOIRES

La cour, qui ne manquoit pas d’être avertie de tout ce qui se passoit par le moyen de ses correspondans, envoya à Paris M. le duc de Bournonville pour négocier avec ceux qui avoient commencé l’entreprise, et pour exécuter quelque chose de considérable lorsqu’il en seroit besoin. Il y arriva le lendemain de l’assemblée du Palais-Royal ; et dès le moment qu’il eut mis pied à terre il commença de travailler efficacement, et trouva qu’on avoit si bien disposé les choses, que dès qu’il fut arrivé et qu’on l’eut fait savoir aux négociateurs on résolut une nouvelle assemblée des colonels, dans laquelle on ordonna de ne reconnoître plus les ordres de M. d’Orléans ni de M. de Beaufort.

L’assemblée du Palais-Royal, qui se devoit faire le 27, ne se fit point, parce que les députés des six corps et ceux des colonels étant partis pour la cour, on voulut attendre leur retour, et savoir quels ordres ils apporteroient ; et durant ce jour-là plus de cinq cents personnes de condition allèrent offrir à M. Le Prévôt, chez lequel le duc de Bournonville se rendoit très-souvent, les uns cent, les autres deux cents hommes, poursuivre exactement ses ordres et faire tout ce qu’il voudroit ; et tous ceux qui dans la ville avoient excité le menu peuple à crier, après les affectionnés au service du Roi, au mazarin ! commencèrent à faire les sages, à parler contre les mauvaises intentions de M. le prince à la canaille qui faisoit auparavant si grand bruit pour la Fronde, ne disant mot, quoiqu’ils eussent vu quelques bateliers qu’on avoit gagnés au parti des royalistes enfoncer un bateau chargé de poudres et de mèches qu’on menoit par ordre