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[1652] MÉMOIRES

buvoit à la santé du Roi ; des carrosses furent arrêtés, et on obligea ceux qui étoient dedans d’y boire, quoiqu’ils n’en eussent pas d’envie. Les bateliers, qu’on avoit gagnés, se battirent sur le port contre les Lorrains, et les empêchèrent d’emporter le blé qu’ils avoient acheté pour leur armée, et le jetèrent dans l’eau avec l’argent qu’ils avoient apporté pour le payer : les provisions de bouche qu’on menoit au camp des princes furent prises par la populace à la porte de Saint-Antoine. Enfin, le premier et le 2 d’octobre, on vit des dispositions admirables pour le retour du Roi, et pour pousser tous les frondeurs ; et dès ce temps-là la cour pouvoit, si elle eût voulu, venir à Paris sans aucun danger.

Quoique toutes les choses fussent dans la meilleure assiette du monde, elles se pouvoient pourtant gâter, parce que la cour, qui vouloit avec ardeur ce qu’elle n’avoit au commencement goûté qu’à demi, envoyoit des ordres de toutes parts, se fioit à une infinité de personnes, et leur disoit l’essentiel de la négociation. Cela fut cause que M. Le Prévôt, M. de Bournonville et tous leurs amis dépêchèrent en cour pour dire à la Reine et à ceux du conseil secret le désordre que cela pouvoit apporter, si on ne les avertissoit de ce qu’on envoyoit de la cour à Paris sur le sujet de la négociation, parce qu’il étoit nécessaire que les chefs de l’affaire, en cas de nécessité, sussent de quels quartiers de la ville et de quelles personnes ils pourroient être assurés.

La cour, depuis ce temps-là, avertit les négociateurs de tout ce qu’elle faisoit en cette affaire ; mais comme elle s’étoit découverte à plusieurs personnes.