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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

à faire sur la conjoncture de l’arrivée du Roi le lendemain à Paris ; mais, après une longue consultation, ils se trouvèrent si fort embarrassés, qu’ils ne purent prendre aucune résolution. Cependant le peuple, qui ne considéroit plus l’intérêt des princes, étoit dans des tressaillemens de joie qui n’étoient pas concevables, sur l’espérance qu’ils avoient de revoir le lendemain le Roi à Paris ; et sur cela on peut dire qu’il n’y a que les Français qui aillent si vite d’une extrémité à l’autre ; car on vit presque en un même temps la passion que le peuple avoit de servir les princes se convertir en une aversion mortelle pour eux.

Le lendemain lundi 21 octobre, le Roi fit son entrée dans Paris aux flambeaux, quoiqu’il fût parti de Saint-Germain dès les dix heures du matin ; mais l’affluence du peuple qu’il trouva depuis le bois de Boulogne, qui alloit au devant de Sa Majesté, l’empêcha d’arriver de meilleure heure dans la ville. Le Roi entra donc aux flambeaux, à cheval#1 ; et Paris le reçut avec toutes les démonstrations de la plus éclatante joie qu’on pouvoit désirer pour un conquérant, et pour un libérateur de la patrie. Sa Majesté marcha depuis Saint-Germain, d’où elle partit, avec son régiment des Gardes françaises et suisses, ses compagnies de gendarmes et de chevau-légers, les[1]

  1. À cheval : Le Roi entra par la porte Saint-Honoré, vers six heures du soir. Le prévôt des marchands lui fit un discours ridicule, plein d’emphase et d’expressions mythologiques. (Voyez la Relation véritable des particularités observées à la réception du Roi en sa banne ville de Paris le lundi 21 octobre 1652 ; Paris, Noël Poulletier, 1652, in-4o, dans le recueil des Mazarinades de la bibliothèque de l’Arsenal, tome 166, pièce 27.)