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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

[1653] Le premier jour de l’an 1653, M. le prince de Conti envoya un de ses valets de pied au père Berthod, pour lui dire qu’il vînt trouver Son Altesse avec le père Ithier, sur les quatre heures. Ils y allèrent tous deux ; et le prince de Conti, qui étoit seul dans sa chambre avec le sieur Lenet, dit au père Berthod qu’il l’avoit envoyé quérir sur des lettres qu’il avoit reçues de Paris, qui lui donnoient avis qu’il en étoit parti par ordre du Roi, pour venir travailler contre son frère et contre lui ; qu’on lui mandoit l’obligation qu’il avoit de se saisir de sa personne, et qu’il ne pouvoit faire autrement que de le faire arrêter prisonnier ; que pour cela il avoit fait mettre les chevaux à son carrosse, et donné l’ordre à son capitaine des gardes de le faire conduire dans les prisons de l’hôtel-de-ville ; que néanmoins s’il lui vouloit dire la vérité, il le traiteroit doucement, et qu’il ne le livreroit pas entre les mains de l’Ormée[1], qui lui avoit député ses chefs pour le lui demander. Le père Berthod répondit à M. le prince de Conti qu’on avoit donné de mauvais mémoires à Son Altesse ; qu’il n’étoit parti de Paris pour Bordeaux qu’afin d’y venir chercher ses anciens amis, et de voir s’il trouveroit jour à se rétablir dans la province d’Aquitaine, de laquelle il étoit sorti par ordre du général de son ordre, pour aller dans la province de Saint-Bonaventure avec un de ses amis ; que cet ami étant mort, et n’ayant point d’autre attache dans cette province de Saint-Bonaventure, il revenoit dans celle de Guienne pour y chercher son repos.

M. le prince de Conti se moqua de cette réponse, et demanda au père Berthod s’il n’avoit pas pris congé

  1. L’Ormée : Faction populare. (Voy. la Notice, p. 291 et suiv.)