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[1652] MÉMOIRES

patentes scellées du grand sceau. Il est donc vrai ce que je viens de vous dire, que vous avez fait battre le tambour ; que vous avez reçu des deniers d’Espagne, et que vous êtes criminel de lèse-majesté. Mais je ne devois point être interrompu : continuons donc ce que nous avions commencé. Tous ces cruels effets, Monsieur, de votre mésintelligence avec Leurs Majestés causent sans doute une douleur mortelle dans le cœur de tous les bons Français ; et les calamités incroyables que cette dissension attire sur le pauvre peuple font verser des larmes aux plus insensibles. Vous savez, Monsieur, en quel déplorable état la France est réduite par les désordres qu’ont faits et que font tous les jours les troupes des deux partis, qui ne s’accordent qu’en ce point, d’inventer à l’envi de nouveaux supplices pour affliger et pour faire périr les innocens. La compagnie vous conjure, Monsieur, au nom de tout ce qu’il y a de bons Français, de ne rien omettre de ce qui dépendra de vous pour rétablir cette correspondance de la maison royale, si nécessaire pour notre bonheur, et pour le vôtre même ; et de rompre tous obstacles, plutôt que de rompre cette précieuse union, de laquelle dépend le salut public. Surmontez ici vos sentimens avec la même générosité qui vous a fait surmonter vos ennemis ; et si vous avez glorieusement travaillé pour la réputation de ce royaume, agissez aussi utilement pour sa tranquillité. Cette compagnie tiendroit à bonheur singulier de pouvoir contribuer en quelque chose du sien à un ouvrage si important. Il n’y a ni soin, ni peine, ni bien, ni vie,