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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

que Son Altesse, les sieurs de Marchin et Lenet fussent venus.

Étant arrivés, le prince de Conti maltraita le père de paroles, auxquelles il répondit qu’il avoit toujours eu respect pour Son Altesse, et qu’il ne se trouveroit point qu’il eût de mauvais desseins contre lui. Il dénia d’abord qu’il eût travaillé pour le service du Roi dans Bordeaux ; mais voyant qu’on lui produisoit les six hommes qui étoient venus apporter les quinze mille livres chez le prince avec Villars, il avoua qu’il étoit vrai qu’il avoit agi pour le bien de la paix ; qu’il en avoit eu ordre de la Reine par une lettre que Sa Majesté lui avoit fait l’honneur de lui écrire, et que le père Berthod lui avoit apportée, laquelle lui commandoit de travailler conjointement avec lui ; qu’il y avoit plus de quinze ans qu’il étoit à la Reine ; qu’il se sentoit obligé d’exécuter ses ordres ; que lui, prince de Conti, ne le pouvoit accuser de perfidie, puisque Son Altesse ne lui avoit jamais rien communiqué de ses desseins ni de ceux de M. le prince de Condé, et qu’il savoit bien que leurs conversations avoient été de toute autre matière. Après plusieurs interrogations qui lui furent faites, il avoua ce qu’il ne pouvoit cacher, savoir que le père Berthod l’avoit engagé dans le parti du Roi ; que depuis qu’il s’étoit échappé de Blaye à son insu, il avoit toujours eu commerce avec lui ; que tous les religieux de son couvent n’avoient aucune connoissance de cette négociation. Il avoua qu’il avoit découvert son dessein à la mère Angélique et au sieur de Boucaut : aussi ne le pouvoit-il pas nier, puisque Villars avoit eu si souvent conférence avec eux. Il parla des trente mille écus que