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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

leurs biens ; qu’on leur reprocheroit à jamais toutes ces choses, aussi bien que d’avoir fait pendre en effigie le sieur Le Roux et d’autres, quoique ce fut Lenet qui le fit faire pour avoir lieu de prendre ce qu’il y avoit de meubles et d’argent chez eux ; qu’ils devoient pourtant savoir que ce Lenet les accusoit de tout cela ; qu’il disoit et faisoit dire partout que c’étoit eux qui s’étoient jetés dans ces excès ; qu’ils étoient des indomptables, qu’il n’y avoit point de frein pour leurs impétuosités, et que sans sa conduite et son adresse ils auroient non pas pillé, mais brûlé ; non pas chassé, mais tué ; non pas dépouillé les temples, mais renversé les autels ; et qu’il avoit eu toute la peine du monde de garantir de leur fureur le père Ithier et les autres cordeliers de Bordeaux. « Et cependant, disoit encore le père Berthod aux bons bourgeois, vous devez savoir que Lenet dit à madame de Longueville, lorsqu’on lui alla dire que tous les religieux de la ville sortoient avec le saint-sacrement : Voilà, madame, l’effet de vos beaux conseils ! Si on eût égorgé ou pendu ce moine, nous ne serions pas en ces peines »[1].

  1. On trouve le détail des événemens que le père Berthod ne fait qu’indiquer dans la gazette de Renaudot (article Bordeaux), à la date du 3 avril 1653, page 360. Voici le passage : « Le père Ithier, gardien des Cordeliers de cette ville, ayant esté conduit pour la troisième fois devant ses juges, composés d’officiers de guerre et d’ormistes, auxquels présidoit le sieur Marchin, fut condamné à faire amende honorable, comme il fit le 28 du passé, devant les maisons du prince de Conty, de la princesse de Condé et de la duchesse de Longueville ; mais avec une constance qui rejettoit toute l’infamie de cette condamnation sur les juges rebelles à leur souverain, puisqu’ils ne l’ont pu convaincre que d’avoir voulu servir son Roi et, sa patrie. Il fut ensuite remené en prison, pour y vivre au pain et à l’eau. Tandis que