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DU PÈRE BERTHOD. [1652]

si secrètement, que l’affaire fut au point d’être exécutée lorsqu’on auroit fait savoir la disposition de la ville à M. de Candale.

Le sieur Bodin l’écrivit au père Berthod, qui fit voir la lettre à M. de Candale, dans laquelle le sieur Bodin au nom des habitans proposoit des articles pour remettre la ville dans l’obéissance du Roi : mais durant le temps qu’il falloit pour envoyer la réponse de ces lettres, le sieur Bodin et ses amis voyant que le sieur de Chanlot augmentoit sa tyrannie et faisoit des violences extraordinaires dans la ville, résolurent de se garantir du malheur dans lequel ils alloient tomber, parce que le sieur de Chanlot, qui savoit que M. de Candale venoit l’assiéger dans Périgueux, qu’il faisoit marcher ses troupes et son artillerie, vouloit chasser de la ville ou emprisonner ceux qu’il soupçonneroit être dans le parti du Roi ; qu’il avoit découvert les chefs, et qu’il les vouloit perdre.

Ces bien intentionnés donc, se voyant pressés de repousser les fureurs du sieur de Chanlot, formèrent leur dessein, qui étoit de s’assembler en divers endroits pour se saisir de sa personne et de tous les postes de la ville, sans pourtant épancher du sang, s’il se pouvoit, qu’en cas de résistance par la garnison.

Le 16 de septembre, chacun se devoit disposer à l’exécution : l’heure étoit prise pour cela à midi ; mais le sieur de Chanlot, qui en fut averti deux heures auparavant, commanda aux colonels des régimens de Condé et de Montmorency, et d’un régiment d’Irlandais, de mettre leurs soldats sous les armes, et de faire rouler le canon, dont ils étoient les maîtres, au moindre commandement qui leur en seroit fait de sa part ; et après avoir donné ses ordres pour la conser-