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[1652] MÉMOIRES

il s’en alloit à Saint-Germain avec un passe-port de M. d’Orléans. Son valet les suivit de loin, et leur vit faire cent tours dans Paris : enfin ils entrèrent dans un b…, qui étoit leur retraite ordinaire, où des bourgeois, étant entrés en armes, en prirent six. Mais le duc de Beaufort envoya les demander, disant qu’ils étoient de ses gens ; qu’il entendoit que tout ce qu’ils avoient pris leur demeurât. Et en ayant été retenu une partie, il dit qu’il vouloit qu’on leur payât en argent ce qui manquoit ; que dans trois jours il prétendoit bien donner une autre curée à tous les siens. Toutes les nuits il faisoit sortir vingt ou trente cavaliers, sous prétexte d’aller faire la ronde aux environs de Paris, lesquels voloient tous ceux qu’ils rencontroient.

Il y eut des quartiers, comme celui de l’Université, où les bourgeois ne voulurent point prendre les armes, ni se rendre au drapeau ; de sorte que le mandement de l’hôtel-de-ville demeura sans effet.

Tout ce jour-là, les princes et leurs créatures publioient que la négociation de la paix étoit rompue ; et M. de Rohan, qui avoit laissé son équipage à Saint-Germain, dit qu’il le vouloit envoyer quérir, parce qu’il ne voyoit point d’apparence d’y retourner. Tous les autres disoient aussi que le traité étoit entièrement rompu : on fit même courir le bruit parmi le peuple que la reine d’Angleterre conseilloit à la Reine de ne point renvoyer le cardinal, pour rendre suspects tous ceux qui pourroient être envoyés.

Le mardi, le parlement envoya à la chambre des comptes et à la cour des aides, pour les convier d’envoyer leurs députés en la chambre de Saint-Louis,