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[1652] MÉMOIRES

soit le troisième à la fenêtre, et qui est tenu aussi pour franc mazarin : « Mort-dieu, monsieur, ce que vous faites là est une copie de l’original que vous fîtes voir dernièrement au prevôt des marchands ; » voulant parler de l’insulte qui lui fut faite en sortant du palais d’Orléans.

Le duc de Beaufort disoit un jour à la duchesse de Châtillon des douceurs à sa mode, et entre autres choses il lui protestoit qu’il s’estimeroit le plus heureux homme du monde s’il avoit une petite part en ses bonnes grâces ; mais qu’il n’osoit l’espérer. Elle lui dit plusieurs fois qu’il s’en pouvoit assurer ; mais il lui répondit enfin qu’il savoit bien qu’il n’en étoit pas digne, et que si elle lui vouloit faire cette grâce, ce ne pouvoit être que de bricole ; et que même à cette condition-là il se tiendroit heureux de les avoir. Cela fut trouvé assez plaisant ; et l’on disoit que si un autre homme que lui avoit dit cela par galanterie, la galanterie eût été trouvée spirituelle ; au lieu qu’il ne le dit sans doute que par hasard, et sans y entendre finesse.


Ce 11 mai 1652[1].


Le parlement s’assembla hier. M. le prince s’y trouva sans M. d’Orléans, qui étoit un peu indisposé. Quelque nombre d’habitans ramassés lui demandèrent, comme il entroit, ou la paix ou la guerre, protestant que l’on ne pouvoit plus demeurer à Paris dans l’incertitude où l’on étoit. Il les remit à quatre heures au palais d’Orléans. Toutes les salles du Palais

  1. Manuscrits de Conrart, tome 17, page 765.