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DE CONRART. [1652]

de Vaurouy son colonel, aussi conseiller, qui l’avoit eu de la ville, de faire assembler sa compagnie, et de la mener en garde au Palais, n’en put avoir qu’environ soixante hommes, quoiqu’elle soit de plus de huit cents, avec lesquels étant entré dans le Palais, il y eut des conseillers qui dirent aux soldats qu’ils n’avoient guère affaire de venir garder des mazarins, et de suivre un capitaine qui l’étoit aussi. À l’instant tous les soldats sortirent, et laissèrent le capitaine seul, qui fit cent incartades, et enfin fut contraint de s’en retourner. On fit courre le bruit que c’étoit Vaurouy qui avoit commandé aux soldats de s’en aller, sur ce qu’ils avoient été assemblés sans son ordre. Mais le mardi 14, Vaurouy dit en l’assemblée des chambres que c’étoit une imposture, et qu’il avoit envoyé l’ordre à Quelin ; mais que d’autres conseillers, et en assez bon nombre, avoient crié qu’ils étoient bien de loisir de venir garder des mazarins. Le président Charton dit tout haut, en sortant de l’assemblée, aux marchands du Palais, qu’ils n’avoient que faire de les garder ; et que pourvu qu’ils fissent bien, ils n’avoient pas besoin de gardes.

Ce jour-là le parlement se leva à neuf heures ; la fête de Saint-Nicolas[1], qui étoit échue le jour de l’Ascension, avoit été remise à ce jour-là ; et c’est la coutume que le jour que ces fêtes-là se célèbrent, la cour se lève à neuf heures. Je sais néanmoins d’un conseiller de la grand’chambre qu’ils se levèrent brusquement, tant parce qu’ils virent que personne ne les vouloit garder, qu’à cause d’un avis que quel-

  1. La fête de Saint-Nicolas : La fête de la Translation des reliques de saint Nicolas tombe le 9 mai.