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DE CONRART. [1652]

avoit point d’apparence qu’elle fût ainsi sur le pavé, et elles en carrosse ; et que madame l’abbesse du Pont, de qui elles n’avoient pas l’honneur d’être tant connues, les trouveroit les plus inciviles personnes du monde. Et en disant cela elles appeloient toujours des laquais pour venir lever la portière, afin que les deux sœurs montassent dans le carrosse, le dessein de mademoiselle de Rambouillet étant, quand elles y seroient montées, de faire lever la portière, et de crier : « Touche, cocher, droit au Pont-Neuf ; nous sommes toutes mazarines, et nous tenons M. de Lorraine ; il faut résolument le jeter dans l’eau. » Mais il n’y eut pas moyen de les faire monter, la prétendue religieuse témoignant par son geste encore plus de résistance que sa sœur. Elle ne laissoit pas de commencer à s’apprivoiser ; car non-seulement elle s’appuyoit déjà sur la portière, mais elle touchoit déjà les mains de mademoiselle de Rambouillet et de la jeune de Haucourt, qu’on nomme mademoiselle d’Aumale[1], qui étoient à la portière de leur côté. Enfin mademoiselle de Chevreuse et M. de Lorraine se retirèrent, et les autres continuèrent leur promenade dans la place, jusqu’à ce qu’on les vînt quérir pour souper.

Comme il dînoit un jour chez le prince de Guémené avec le duc de Joyeuse, le prince d’Harcourt, le comte de Rieux[2], etc. (la princesse de Guémené

  1. Mademoiselle d’Aumale : Sa sœur aînée, Suzanne d’Aumale, dame de Haucourt, épousa le maréchal de Schomberg. Mademoiselle d’Aumale, dont il est ici question, a été l’amie de madame de Maintenon, et l’une des premières dames de la maison de Saint-Cyr. Cette famille ne touchoit en rien à la maison de Lorraine, quoique plus d’un éditeur de Mémoires ait été trompé par le nom d’Aumale, et par la ressemblance de Haucourt avec Harcourt.
  2. Le comte de Rieux : Charles de Lor-