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))U PASSAGE OU RHtN.

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sur cette entrefaite arriva la tête de mes gens près du pont. J’avois détaché Saint-Étienne du régiment de Castic, avec cent chevaux et cinquante dragons, que je soutenois avec deux escadrons. Tout le corps des dragons marchoit ensuite, puis toute l’aile. Saint-Étienne m’ayant donné avis qu’il étoit en présence des ennemis, et qu’on tiroit déjà sur lui, je fis faire halte pour le renforcer avec cent dragons sur la digue ; et tous les autres restèrent dans le bas, afin que leur feu facilitât ma charge. Dès que cela fut fait, je lui commandai de charger, et suivis ensuite. L’infanterie ennemie faisant seulement sa décharge, quitta l’ouvrage et le pont, se jetant à droite et à gauche le long des haies ; et la cavalerie s’enfuit par le long de la digue qui borde le canal, et qui aboutit au pont que tes ennemis avoient fait sur le Rhin au-dessous de la ville. On la poussa jusque là et à l’instant les ennemis commencèrent à le rompre leur cavalerie qui étoit en batte de l’autre côté d’Arnheim monta tout-à-fait sur la hauteur, et une partie prit sa marche le long du Rhin en tirant vers Utrecht. Sur ceci il m’arriva le plus bizarre accident dont on ait jamais oui parler. J’avois trouvé les ennemis rompant le pont de pierre qui est sur le canal et je les avois poussés par les deux digues qui le bordent jusqu’au pont de bateaux qu’ils avoient sur le Rhin. Pour cet effet j’avois tourné à droite et par conséquent ma tête étoit sous Arnheim. La cavalerie des ennemis faisoit une grosse poussière par sa marche, et toute celle qui suivoit étoit enfournée sur la digue. Dans ce temps une voix bizarre porte au second escadron de Bligny que j’étois engagé sur la gauche ; et, sans reconnoître it passa sur le ventre à une petite garde de dragons que j’avois d’abord mise au pont, et va au grand galop tout le long de la digue, qui, s’approchant du lihin va jusqu’à Warseningue. Enfin quatre escadrons le suivent de même air, et avant que j’en pusse être averti, car la digue oit j’étois étoit bordée de grands arbres lorsque Sponheim ayant regardé derrière, me vint

avertir qu’une partie de ma cavalerie s’en alloit de ce cote-la. J’y pousse à l’instant, et j’arrête le reste au pont de pierre. Je retire mes troupes avancées vers Arnheim car le pont de bateaux s’étant rompu, je n’avois plus rien à faire ni à craindre de ce côté-ia et je m’en vais toute bride après ma cavalerie, qui couroit après moi