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chez lui, de le faire jeter par les fenêtres. Ce parti violent n’eût pas rendu ses aflàires meilleures, et il est à croire que s’il l’eût exécuté la bourgeoisie et la garnison de Francfort l’eussent attaqué dans sa maison, et fait le même traitement que Blum auroit reçu. C’est une particularité que le maréchal de Gramont a sue du depuis en France par le marquis de Las-Fuentès, lorsqu’il y étoit ambassadeur, qui lui dit que c’étoit lui seul qui avoit paré le coup, non pour en détourner Peneranda qu’il voyoit n’être plus capable de raison (car il ne lui en nt jamais le moindre semblant), mais en faisant avertir Blum sous main, et par gens de la dernière confiance, de ne plus rentrer dans la maison de Peneranda, parce qu’on avoit résolu de lui faire une insulte.

Peneranda vint ensuite à une rupture ouverte avec l’électeur de Mayence qui fut précédée de paroles fort aigres entre eux, que Son Excellence espagnole et fanfaronne accompagnoit de certaines démonstrations auxquelles l’électeur, grave et sérieux, étoit peu accoutumé ; car, négociant avec lui, il frondoit son chapeau dans la chambre, mettoit souvent la main sur la garde de son épée, tempêtoit et menaçoit extrêmement, et à un tel point que l’électeur, fatigué et outré de tant d’impertinences, sortit de son naturel doux et patient, et conclut par lui dire que, comme il savoit qu’il étoit président des Indes, il pouvoit sortir de chez lui pour aller au Mexique gouverner ses Indiens à sa mode ; et qu’il lui donnoit parole d’honneur que quant aux Allemands, il n’en gouverneroit jamais aucun, parce qu’ils étoient nés trop sages pour être dirigés par un Espagnol qui l’étoit aussi peu que lui.