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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/27

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les femmes qui tombent

Elle s’est enfoncée dans un grand fauteuil carré, au coin du bureau sur lequel il appuie son coude, dégageant sa main fine, qui lisse sa barbe soyeuse, d’un blond vif. Le front découronné très loin, le regard voilé, les traits longs, le teint chaud, la lèvre épaisse. Il regarde la femme et sourit.

— La dernière fois que j’ai eu l’honneur de vous voir, monsieur, vous m’avez fait espérer que vous daigneriez vous intéresser à l’avancement de mon mari. Depuis ce temps…

Elle balbutiait et commençait à rougir.

Il dit :

— Il y a un an, je crois, pourquoi n’êtes-vous pas revenue ?

Elle murmura :

— Je craignais…

— Une jolie femme n’est jamais indiscrète.

Edwards D… tira un fauteuil et s’assit près d’elle.

— Voyons, que désirez-vous ?

— Oh ! c’est une grosse ambition. Mais vous êtes tout-puissant. Un mot de vous et nous serons au comble de nos vœux.

— Vraiment ! — Il riait. — Je ferai tout ce que vous voudrez.

— Comme vous êtes bon !

— Et comme vous êtes belle !

— Oh ! une vieille femme…

— Vous êtes adorable.