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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/28

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les femmes qui tombent

Il prit sa main, qu’elle tira, un peu effarée ! Mais il la retint et la baisa au poignet.

— Et cette ambition, dit-il lui serrant les doigts, c’est… une augmentation de traitement ? Votre mari est employé ?

Elle feignit d’oublier qu’il la tenait, et débita précipitamment :

— Oui, mais voilà : son chef de bureau est mourant ; demain, peut-être, la place sera libre, et c’est cette place… Six mille francs…

— Diantre ! c’est énorme, ce que vous demandez là. Voyons. Vous y tenez beaucoup ?

— Oh ! oui !

— Si je fais cela, ce sera uniquement pour vous, mais…

Il passa son bras autour d’elle et essaya de l’embrasser. Elle fit un cri, se jetant en arrière.

— Il ne faut pas être méchante, dit-il, s’animant au contact de cette femme épeurée et frissonnante.

— Laissez-moi…

Elle voulut se lever : il était à genoux et la retenait enfoncée, demi renversée dans le fauteuil large.

Elle luttait, se sentant défaillir.

Une colère le prit : il ne l’avait pas embrassée.

— Un baiser, au moins, folle ?

Yvonne le regarda avec hésitation. Elle pensait : « Rien qu’un baiser ! » Alors une horreur la secoua ; l’étreinte d’Edwards devenait plus hardie, et il lui sembla qu’elle allait mourir. Elle voulut appeler ;