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Page:Peyrebrune - Les femmes qui tombent, 1882.djvu/30

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les femmes qui tombent

d’Edwards ses deux mains fourrées dans un manchon de peluche, que fleurissait au milieu un bouquet de lilas, et elle lui tendit ses lèvres. Puis, d’un air d’ennui :

— Si j’avais espéré que vous prissiez la peine de passer chez moi, je ne serais pas venue ce soir.

Lui, distraitement :

— Pourquoi ?

— J’ai la migraine. Regardez donc mes yeux.

Elle affila, entre ses longs cils retroussés, un regard noir d’une volupté terrible.

Il eut un demi-sourire, et s’assit à son bureau, préoccupé ; il signa plusieurs pièces, ouvrit des tiroirs et classa des notes.

Elle vint s’appuyer derrière lui et lui baisa le cou.

— Tiens, c’est vrai, dit-il légèrement railleur, tu viens pour l’argent.

Elle répondit froidement :

— Oui.

Mais derrière lui son regard s’alluma.

Il se retourna, oubliant ses clefs à la porte secrète d’un compartiment où il venait de serrer des plis.

— Mais c’est donc le tonneau des Danaïdes que ta caisse ?

— À qui le dis-tu ?

Elle levait les épaules.

Il reprit :

— Le baron devrait bien m’aider à la remplir.

Elle murmura :