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Page:Pfeiffer - Mon second voyage autour du monde, 1857.djvu/42

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d’aujourd’hui ; pas le moindre vent n’agitait la brillante surface. C’était une vue grandiose et sublime !

28 juin. — Ce matin nous vîmes, à une distance d’environ 20 milles, deux petites trombes. Comme elles étaient sous le vent[1], nous n’avions pas à craindre leur approche, et nous pouvions observer tranquillement leurs mouvements. Elles dansèrent gaiement sur l’eau, et, au bout d’un quart d’heure, elles s’évanouirent ensemble. Dans la même nuit nous eûmes aussi le spectacle d’un feu Saint-Elme à la pointe du grand mât.

Ce fut le 4 juillet que nous passâmes l’équateur, entre midi et une heure. Cela se fit sans la moindre cérémonie, et on ne donna même pas aux matelots un verre d’eau-de-vie de plus qu’à l’ordinaire.

Le 11 août, à six heures du matin, après un trajet de soixante-quinze jours, on jeta enfin l’ancre dans la ville du Cap. Quoique privée de la vue de la terre depuis le 13 juin, où nous passâmes près de l’île de Ferro, cependant l’impression que fit sur moi l’aspect de cette ville ne fut pas très-grande. J’avais encore la mémoire toute fraîche du souvenir de Londres, de sorte que la ville du Cap me faisait l’effet d’un village. Sa situation me rappelait beaucoup celle de Valparaiso. À l’instar de celle-ci, elle est bornée d’une chaîne de montagnes pelées et sans arbres, où l’on ne découvre que de loin en loin quelque rare verdure. Les points principaux de cette chaîne sont la montagne de la Table, celle du Lion, et la montagne du Diable. Du pont du vaisseau, j’aperçus un seul petit arbre rabougri et quelques rares prairies ; et cependant nous étions en hiver, époque où les montagnes et les vallées brillent de leur plus belle parure. Que doit-ce être en été, quand les rayons du soleil ardents et dardés perpendiculairement brûlent et consument tout !

  1. On appelle : sur le vent le côté d’où vient le vent, et sous le vent celui où il souffle.