Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/197

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vianus, après avoir nommé ce dernier, n’avait aucune raison de citer Tilianus, simple copiste qui, à ses yeux, ne se distinguait pas de l’auteur original, et que, par conséquent, il ne pouvait ni ne devait compter parmi les vrais fabulistes ? De cette manière, on s’explique sans peine le motif pour lequel Avianus n’a pas prononcé le nom de Titianus, motif que les paroles et l’intention de l’auteur rendaient déjà clair et évident. Ainsi croule l’échafaudage de raisonnements sur lequel Cannegieter s’étaye pour fixer l’époque où vécut Avianus.

Nous ne discuterons pas ici d’autres objections assez graves que, malgré tous ses efforts, le docte commentateur n’a pas réussi à écarter. Par exemple, ce nom de Flavius qui précède celui d’Avianus et qui était jadis un nom de famille, n’a été qu’assez tard employé comme prénom. Cannegieter lui-même en convient, et les particuliers n’ont pu se l’approprier qu’à peu près à l’époque de Constantin ; celui de Théodose (sous lequel est désigné le personnage à qui notre auteur adresse sa Préface), tout à fait de composition grecque, n’a guère appartenu à un Latin avant Théodose le Grand. Eh bien, ces noms, qui sont comme le signe et la marque caractéristique du siècle où doit, selon nous, avoir vécu Avianus, ne s’opposent-t-il pas invinciblement à ce que l’on reporte cet auteur jusqu’au règne des Antonins ? Cannegieter emploie tous les moyens imaginables pour rapprocher le style d’Avianus de celui qui était en usage sous ces empereurs, pour effacer les taches si nombreuses et si variées qui déparent son ouvrage ; malheureusement, dans la plupart des cas, tous ces trésors d’érudition deviennent inutiles ; ces élucubrations laborieuses ne donnent aucun résultat ; et, après tant de corrections impossibles, la simple inspection du texte soi-disant amendé ou restauré d’Avianus, laisse apercevoir au lecteur, même le plus inattentif, l’insuffisance de l’auteur et la médiocrité, pour ne pas dire la faiblesse du style, qui trahissent un siècle de décadence.

Mais pourquoi fermer les yeux à la vérité qui se présente d’elle-même ? Pourquoi, au lieu de suivre les commentateurs dans des recherches non moins oiseuses que pénibles, n’adopterions-nous pas l’opinion qui parait la plus plausible, et qu’a déjà confirmée la grande majorité des savants : celle qui range Avianus, qu’il ne faut pas confondre avec Avienus, son contemporain, parmi les écrivains du siècle de Théodose le Grand, et qui veut que le Théodose à qui sont dédiées ces fables, ne soit autre que Macrobe Théodose le grammairien, auteur des Saturnales ?

Si Avianus, en s’adressant à Macrobe, qui, dit-on, était revêtu de la charge de préfet de la chambre impériale, emploie ces expressions un peu familières, Theodosi optime, il n’y a rien là qui doive étonner ;