Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/218

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qui voulait les secourir dans ce moment de terreur, s’animait au combat en se battant les flancs de sa queue. Mais le Chasseur, dirigeant contre lui son dard avec sa force accoutumée : Ce message que je t’envoie, dit-il, t’apprendra qui je suis. En même temps, le trait part, atteint le Tigre, et le fer sanglant perce ses pieds agiles. Pendant que l’animal blessé se retire en traînant le dard engagé dans la plaie, le Renard, qui s’empresse auprès de lui, l’arrête, dit-on, assez longtemps : D’où vient, lui demande-t-il, cet adversaire qui fait de si cruelles blessures ? Où s’était-il caché pour lancer son dard ? Le Tigre, gémissant et pouvant à peine faire entendre quelques sons entrecoupés (car la colère et la douleur lui ôtent le libre usage de la voix), répond enfin : Il n’a paru sur le lieu du combat aucun adversaire que mes yeux désormais puissent désirer de voir encore ; mais le sang que je répands et la vigueur avec laquelle ce trait a été lancé contre moi me montrent assez que c’est un homme. Si nous craignons avec raison les bêtes brutes, elles doivent, à leur tour, redouter l’homme bien davantage.