Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/36

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S. — Que direz-vous donc enfin au sujet du Saint-Esprit procédant du Fils ?

C. — Précisément ce qu’en dit l’ancienne Église orientale et œcuménique, dans son symbole : c’est-à-dire rien.

S. — On m’a dit que le bienheureux Augustin explique d’une manière ingénieuse le mystère de la sainte Trinité, en comparant les hypostases de la Divinité aux facultés de l’âme humaine. Ne connaissez-vous pas l’endroit de ses œuvres où il en parle ?

C. — Ce passage se trouve dans le livre XV de la Trinité (de Trinitate), chap. 27. Je vous traduirai ces paroles. À la fin de son ouvrage, Augustin s’adresse à son âme et lui dit :

« Tu as vu beaucoup de choses vraies, non point avec ces yeux qui perçoivent les objets colorés, mais avec les yeux que demandait le prophète, en disant : « Que mes yeux regardent à la justice[1]. » (Ps. xvi, 2.)

« Tu as vu beaucoup de choses vraies, et tu les a distinguées de la lumière dans laquelle tu les a vues. Lève tes yeux vers la lumière même et fixe-les sur elle si tu le peux. Car ainsi tu verras quelle est la distance qui se trouve entre la naissance de la parole de Dieu et la procession de l’Esprit de Dieu (doni Dei) ; c’est pourquoi le Fils unique n’a pas dit que le Saint-Esprit naît du Père (autrement le Saint-Esprit serait son frère), mais qu’il procède du Père. Ainsi, parce qu’il y a une communion consubstantielle entre le Père et le Fils, le Saint-Esprit s’appelle l’Esprit de tous deux, et non pas (qu’ainsi n’advienne !) le Fils de tous deux. Mais tu ne peux point fixer les regards sur ce mystère, pour le

  1. Nous traduisons littéralement Augustin, qui, du reste, est d’accord ici avec les Septante ; les autres versions portent : « tes yeux. »