Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/125

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pelouses se mariait à l’ombre transparente des feuillages mourants, où ces vapeurs endolories de l’arrière-saison se fixaient comme une ouate à la hauteur des tempes et faisaient du ciel on ne sait quelle tenture haute et mélancolique, on ne sait quelle fête du repos pour laquelle de beaux sentiments voyageaient, annonçant la fin de la guerre. Pour celle-ci, elle ignorait qu’elle eût pu se réjouir. Elle connaissait certaines propriétés de son corps, la volupté par exemple, des propriétés comme chimiques qui la rattachaient à l’échelle des êtres et fouillaient sa substance comme une réaction. Elle connaissait ses vingt ans et leur chaleur centralisée dans son sexe où vivait toute une âme. Et cette âme, elle la sentait qui montait, traversait les tissus, franchissait sa gorge et s’installait sous son front comme la maîtresse, comme la pensée, comme l’œil du mineur dans l’espace éclairé par la lampe. Mais de Marie Donadieu, d’une femme de Paris entourée d’automne, à laquelle s’attachait une force qui eût pu mettre les hommes en branle, elle ne connaissait que cette apparence d’un chapeau, d’un collet, d’une voilette qui tous