Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/55

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a cinq cents ans, a transportés d’Eubée en ces lieux[1] ; on dit qu’il leur est arrivé, comme aux poissons de notre songe, d’avoir tous été pris d’un coup de filet. Les dieux, si je ne me trompe, m’ordonnent, à moi qui passe si près d’eux, de faire pour eux tout ce qui dépendra de moi. Peut-être sont-ce les âmes des Grecs condamnés à cet exil qui m’inspirent la pensée d’être utile aux habitants de ce pays. Détournons-nous donc un peu de notre route, et informons-nous seulement du puits auprès duquel ils résident. » On dit que ce puits est plein de bitume, d’huile et d’eau : quand on répand ce qu’on y a puisé, ces trois liquides se séparent l’un de l’autre. Le voyage d’Apollonius en Cissie est attesté par sa lettre au sophiste de Clazomène : en effet, telle était sa bonté, tel était son zèle, qu’après avoir vu les Érétriens il songea au sophiste de Clazomène[2], et il lui écrivit ce dont il avait été témoin et ce qu’il avait fait pour ces malheureux ; en même temps il lui recommandait, quand il réciterait son Discours sur les Érétriens, de ne pas épargner même les larmes.

XXIV. Ce que nous venons de dire au sujet des Érériens s’accorde avec la relation de Damis. Ils habitent dans la Médie, non loin de Babylone, à une distance d’un jour de marche pour un coureur. Il n’y a pas de villes dans la Cissie : on n’y trouve que des bourgades, et des populations nomades qui ne descendent de cheval que rarement. Les Érétriens sont établis au centre de la Cissie ; ils se sont en-

  1. Hérodote (liv. IV, ch. 119), dit en effet que Datis et Artapherne envoyèrent à Suse (c’est-à-dire à Cissia), comme esclaves, tous les habitants d’Érétrie, l’une des principales villes de l’Eubée.
  2. Ce sophiste de Clazomène est un certain Scopélianus qui eut quelque célébrité dans le Ier siècle de l’ère chrétienne, et sur lequel Philostrate donne quelques détails dans ses Vies des sophistes (I, 21). À la fin du chapitre suivant, Philostrate donne un fragment de la lettre que lui écrivait Apollonius.