Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/63

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devenu le mode le plus haut de tous, le mode pamphylien. Puis nous avons passé à d’autres discours, et vous ne m’avez pas redemandé le nom de cette femme poète et musicienne. Elle s’appelait Démophile, et l’on dit que, comme Sapho, elle eut des femmes pour élèves, et qu’elle composa plusieurs poèmes, soit chants amoureux, soit hymnes en l’honneur des dieux. Son hymne à Diane est inspiré des poésies de Sapho, et se chante sur les mêmes modes que ces poésies. » Ainsi Apollonius ne se laissa pas éblouir par l’appareil de la royauté : loin d’y arrêter les yeux, il s’entretint d’autres choses, et n’eut pour ainsi dire de regards que pour ces objets éloignés.

XXXI. Le roi le vit venir de loin, car le vestibule du temple était assez étendu, et dit à ceux qui étaient près de lui qu’il connaissait déjà cet étranger. Dès qu’il fut près de lui : « Je ne me trompe pas, s’écria-t-il ; c’est cet Apollonius que mon frère Mégabate m’a dit avoir vu à Antioche, admiré et vénéré par les gens de bien, et qu’il m’a dépeint tel que je le vois en ce moment. » Quand il l’eut en sa présence et eut reçu son salut, le roi l’invita en grec à prendre part à son sacrifice : il se proposait de sacrifier au Soleil un cheval blanc, du plus haut prix, de la race niséenne, qui avait été couvert de harnais magnifiques comme pour une fête. « Ô roi, lui dit Apollonius, vous pourrez sacrifier à votre manière, mais permettez-moi de sacrifier à la mienne. » Et, prenant de l’encens : « Soleil, s’écria-t-il, accompagnez-moi aussi loin qu’il vous conviendra et que je le désirerai ! Faites-moi la grâce de gracier les bons, de ne pas gracier les méchants et de n’être pas connu d’eux ! » Après cette prière, il jeta l’encens dans le feu : il observa de quel côté la flamme montait, de quel côté elle était plus sombre, combien de pointes elle formait, et en quels endroits, puis, approchant sa main du côté où le feu