Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/65

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vous êtes préoccupé de quelque difficulté, je suis prêt à vous en indiquer la solution ; car je sais ce qu’il faut faire, et je lis dans l’avenir. » Tels sont, selon Damis, les discours que tint Apollonius. Apollonius lui-même en a fait le sujet d’une lettre : il a reproduit dans ses lettres beaucoup d’autres discours tenus par lui en diverses circonstances.

XXXIII. Le roi déclara qu’il était plus heureux et plus fier de l’arrivée d’Apollonius qu’il ne le serait s’il avait ajouté à ses richesses celles des Perses et des Indiens. Il se déclara son hôte et lui ouvrit son palais. Mais Apollonius lui dit : « Ô roi ! si vous veniez dans ma patrie, à Tyane, et que je voulusse vous recevoir dans ma demeure, est-ce que vous accepteriez ? — Non, sans doute, à moins que vous n’eussiez à m’offrir un édifice assez vaste pour me recevoir dignement, moi, mes gardes et toute ma suite. « Eh bien ! je répondrai de même. Si je demeurais dans un palais, la disproportion d’une telle demeure avec ma condition serait pour moi une gêne : car les sages souffrent plus du superflu que les grands de la privation du nécessaire. Je ne veux donc recevoir l’hospitalité que d’un simple particulier comme moi ; mais je viendrai au palais toutes les fois que vous m’appellerez. »

XXXIV. Le roi le laissa libre pour ne pas l’incommoder sans le vouloir. Apollonius se logea chez un Babylonien, homme de bien, et du reste d’une naissance distinguée. Pendant son repas un des eunuques qui portent les messages du roi se présente devant lui et lui dit : « Le roi vous accorde dix grâces, et vous laisse libre de les choisir ; il désire cependant que vous ne lui demandiez pas des choses de peu de prix, car il veut vous donner, à vous et à nous, une preuve de sa munificence. » Apollonius accepta les faveurs du roi, et dit : Quand devrai-je faire mes demandes ?