Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/90

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portés à l’imitation. On leur fait tracer des lettres ; ils dansent au son de la flûte, battent la mesure, et se meuvent en cadence.

XIV. Un jour Apollonius vit trente éléphants environ traverser l’Indus, sous la conduite du plus petit d’entre eux ; les plus grands portaient leurs petits sur les dents qui avancent, et les retenaient avec leurs trompes comme avec des cordes. « Chose étrange, Damis, que ces animaux fassent ces choses sans que personne le leur ait indiqué, qu’ils le fassent d’eux-mêmes, par une sorte d’intelligence naturelle ! Voyez-vous comme ils portent leurs petits après les avoir attachés, comme font les hommes de peine qui portent un fardeau ? — Je le vois, Apollonius, et j’admire comme tout ce qu’ils font est sage et intelligent. Que devient donc la sotte discussion qui s’est engagée sur ce point : l’affection des parents pour leurs enfants est-elle naturelle ou non ? Voici des éléphants qui nous crient que c’est un instinct de la nature. À coup sûr, ce ne sont pas les hommes qui le leur ont appris, entre autres choses, car ceux-ci ne vivent pas encore dans la compagnie des hommes ; mais c’est bien naturellement qu’ils aiment leurs petits, qu’ils en prennent soin et qu’ils les élèvent. — Vous n’avez pas besoin, Damis, de parler des éléphants ; car c’est, selon moi, le premier animal après l’homme pour l’intelligence et la prudence. Mieux vaut penser aux ours, les plus féroces des animaux, qui font tout pour leurs petits ; aux loups, ces bêtes toujours avides de carnage, dont la femelle garde ce qu’elle a enfanté, et dont le mâle lui apporte tout ce qu’il faut pour la nourrir et nourrir sa portée ; ou bien encore aux panthères, que leur tempérament chaud porte à désirer de devenir mères, et qui alors veulent commander aux mâles, et suivre tous leurs caprices, ce à quoi consentent