Page:Physiologie du gout, ou meditations de gastronomie transcendante; ouvrage théorique, historique, et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes Parisiens (IA b21525699).pdf/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
88
méditation VI

2° les sucs divers dont le poisson est imbibé, qui sont éminemment inflammables, et s’oxygènent et se rancissent par la digestion.

Une analyse plus profonde en a découvert une troisième encore plus active, savoir : la présence du phosphore qui se trouve tout formé dans les laites, et qui ne manque pas de se montrer en décomposition.

Ces vérités physiques étaient sans doute ignorées de ces législateurs ecclésiastiques qui imposent la diète quadragésimale à diverses communautés de moines, telles que les Chartreux, les Récollets, les Trappistes et les Carmes-Déchaux réformés par sainte Thérèse ; car on ne peut pas supposer qu’ils aient eu pour but de rendre encore plus difficile l’observance du vœu de chasteté, déjà si antisocial.

Sans doute, dans cet état de choses, des victoires éclatantes ont été remportées, des sens bien rebelles ont été soumis ; mais aussi que de chutes ! que de défaites ! Il faut qu’elles aient été bien avérées, puisqu’elles finirent par donner à un ordre religieux une réputation semblable à celle d’Hercule chez les filles de Danaüs ou du maréchal de Saxe auprès de mademoiselle Lecouvreur.

Au reste, ils auraient pu être éclairés par une anecdote déjà ancienne, puisqu’elle nous est venue par les croisades.

Le sultan Saladin, voulant éprouver jusqu’à quel point pouvait aller la continence des derviches, en prit deux dans son palais, et pendant un certain espace de temps les fit nourrir des viandes les plus succulentes.

Bientôt la trace des sévérités qu’ils avaient exercées sur eux-mêmes s’effaça, et leur embonpoint commença à reparaître.

Dans cet état, on leur donna pour compagnes deux