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DES ALIMENTS.

cord et de la haute Provence : c’est vers le mois de janvier qu’elles ont tout leur parfum.

Il en vient aussi en Bugey, qui sont de très-haute qualité ; mais cette espèce a le défaut de ne pas se conserver. J’ai fait, pour les offrir aux flâneurs des bords de la Seine, quatre tentatives dont une seule à réussi ; mais pour lors ils jouirent de la bonté de la chose et du mérite de la difficulté vaincue.

Les truffes de Bourgogne et du Dauphiné sont de qualité inférieure ; elles sont dures et manquent d’avoine ; ainsi il y a truffes et truffes, comme il y a fagots et fagots.

On se sert le plus souvent, pour trouver les truffes, de chiens et de cochons qu’on dresse à cet effet ; mais il est des hommes dont le coup d’œil est si exercé, qu’à l’inspection d’un terrain ils peuvent dire, avec quelque certitude, si on peut y trouver des truffes, et quelle en est la grosseur et la qualité.

les truffes sont-elles indigestes ?

Il ne nous reste plus qu’à examiner si la truffe est indigeste.

Nous répondrons négativement.

Cette décision officielle et en dernier ressort est fondée :

1° Sur la nature de l’objet même à examiner (la truffe est un aliment facile à mâcher, léger de poids, et qui n’a en soi rien de dur ni de coriace) ;

2° Sur nos observations pendant plus de cinquante ans, qui se sont écoulés sans que nous ayons vu en indigestion aucun mangeur de truffes ;

3° Sur l’attestation des plus célèbres praticiens de Paris, cité admirablement gourmande, et truffivore par excellence ;