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DES ALIMENTS.

richesse, soit pour ceux qui la font cultiver, soit pour ceux qui commercent de son produit, soit pour ceux qui l’élaborent, soit enfin pour les gouvernements qui le soumettent aux impositions.

du sucre indigène.

On a cru pendant longtemps qu’il ne fallait pas moins que la chaleur des tropiques pour faire élaborer le sucre ; mais vers 1740 Margraff le découvrit dans quelques plantes des zones tempérées, et entre autres dans la betterave ; et cette vérité fut poussée jusqu’à la démonstration, par les travaux que fit à Berlin le professeur Achard.

Au commencement du dix-neuvième siècle, les circonstances ayant rendu le sucre rare, et par conséquent cher en France, le gouvernement en fit l’objet de la recherche des savants.

Cet appel eut un plein succès : on s’assura que le sucre était assez abondamment répandu dans le règne végétal ; on le découvrit dans le raisin, dans la châtaigne, dans la pomme de terre, et surtout dans la betterave.

Cette dernière plante devint l’objet d’une grande culture et d’une foule de tentatives qui prouvèrent que l’ancien monde pouvait, sous ce rapport, se passer du nouveau. La France se couvrit de manufactures qui travaillèrent avec divers succès, et la saccharification s’y naturalisa : art nouveau, et que les circonstances peuvent quelque jour rappeler.

Parmi ces manufactures, on distingua surtout celle qu’établit à Passy, près de Paris, M. Benjamin Delessert, citoyen respectable dont le nom est toujours uni à ce qui est bon et utile.